La fontaine

Les fontaines de style adossée sont caractérisées autant par leur forme que par leur localisation. Conçues techniquement comme des fontaines isolées, avec une alimentation enterrée qui remonte dans le bloc de distribution, on peut les trouver, comme les fontaines adossées en bordure d’une rue, d’une place, mais aussi au fond d’une allée ou au bout d’une avenue.

La fontaine du Revest-du-Bion permet de comprendre pourquoi l’on peut être tenté de les considérer comme des fontaines adossées, alors qu’en fait elles n’en ont que l’apparence.

C’est une très belle fontaine qui orne l’un des côtés de la place du village et que l’on pourrait classer dans le type adossé. En réalité, le mur contre lequel elle paraît s’appuyer a été construit après la fontaine, pour abriter le lavoir qui se trouve à l’arrière, légèrement en contrebas, et sur lequel s’appuie le toit qui le protège.

Les moulures du bloc de distribution ainsi que la corniche, que l’on peut apercevoir au-dessus du toit du lavoir, se prolongent sur les quatre faces. La porte d’accès au bassin clé répartition se trouve sur le côté droit.

Une plaque de marbre placée sur le bloc de distribution porte une inscription intéressante : «d.o.m. qui eduxit aquam de petra» Les initiales d.o.m., que l’on retrouve sur quelques monuments, et sur la fontaine de Reillanne, signifient habituellement « Deo Optimo Maximo » (A Dieu très bon, très grand, qui fit jaillir l’eau de la pierre), mais prennent ici une signification particulière, car elles correspondent aux initiales du maire de l’époque, qui s’appelait Désiré Onésime de Miravail, laissant ainsi une certaine ambiguïté sur la suite: «qui a tiré l’eau de la pierre» (Hypothèse de P. MARTEL ).

L’eau coule par deux canons de cuivre jaune sortant de la bouche de deux anges de bronze joufflus, dans un bassin rectangulaire aux angles coupés. Il servait d’abreuvoir surtout pour les chevaux, les moutons buvant l’eau des citernes, nombreuses dans cette région où l’eau est rare. C’est un bassin en pierre taillée, qu’une plaque de cuivre recouvrait encore au début du siècle, mais qui a aujourd’hui disparu, et que l’on peut apercevoir sur les vieilles cartes postales. Cette fontaine est la seule du village. Elle était alimentée par une source captée (Aiguebelle), mais en été son débit baissait fortement. Aussi, un grand réservoir occupe-t-il une partie de la place surélevée qui fait face à la fontaine, et dans lequel on pouvait puiser grâce à une pompe manuelle à levier.

Le lavoir, situé à l’arrière, est alimenté par la surverse de l’abreuvoir. Il est entièrement caché aujourd’hui, mais ne devait pas être très visible lorsque la fontaine était seule, il semblerait en effet que ce type de fontaine ait été conçu pour masquer le lavoir que l’on trouve très souvent à l’arrière.

Source: Fontaines de Haute Provence – Louis PLANTIER – EDISUD